Ce qu’on fait sans plaisir de Morgan Caine

Et voici un autre roman policier qui m’a accompagné dans le RER et métro entre le travail et la maison : CE QU’ON FAIT SANS PLAISIR

Au-delà de l’intrigue policière, l’auteur propose des situations amoureuses très différentes de l’amour naissant à la violence conjugale.

« Un enfer supportable, mais n’est-ce pas ça, la véritable définition de la torture »

Et il le fait bien ; je surligne les nombreuses images ou les métaphores amoureuses tout comme les pensées, mêmes simples mais éloquentes.

« N’était-ce pas cela, un couple ? Deux personnes qui se tirent mutuellement vers le haut ? »

Quant à l’intrigue, Morgan Caine ménage le suspens, crée des fausses pistes et plusieurs rebondissements bien qu’il faille dépasser les premiers chapitres pour mieux se laisser porter après la mise en place des personnages.

Un bon moment de détente.

 

Éloge de la gentillesse en entreprise d’Emmanuel Jaffelin


En 2014 à la Cité de la Réussite, je découvre sur scène Emmanuel Jaffelin dont la prestation quasi humouristique avait retenu mon attention. Or, ma responsable RH (que je salue et remercie au passage) l’invite cette année à nos événements internes mensuels « les jeudis entre nous » pour nous parler de son Eloge de la gentillesse en entreprise. Malheureusement pour moi, ça tombe sur un jeudi où je ne peux me libérer et profiter de cette soirée en compagnie de mes collègues et de l’auteur… Qu’à cela ne tienne, je vais tenir ma promesse de 2014 (enfin presque, puisque c’était son précédent bouquin) et télécharger son livre.

Après quelques pages, je ne suis pas tout à fait à l’aise… c’est curieux. L’auteur n’est pas très gentil avec l’entreprise et je commence à m’interroger sur son expérience du monde professionnel. D’ailleurs, il devine l’entreprise :

« Nous devinons alors que l’entreprise doit – sauf à se faire inhumaine – concourir à ce double but : elle a certes vocation à produire de la richesse, mais elle ne peut le faire contre l’essence même de l’humanité. »

Evidemment, certains fondamentaux sont rappelés sur le travail, le sens qu’il doit porter et l’idéal qu’il doit être :

« Si les êtres humains passent l’essentiel de leur temps, après l’enfance et avant la retraite, à travailler, il ne faut pas que ce moment représente une mauvaise parenthèse dans une vie, mais qu’il soit l’un des facteurs du vivre-ensemble. »

Evidemment, l’idée ci-dessus est séduisante mais que penser de l’éboueur qui participe certes à rendre nos vies agréables mais pour lui, peut-il dire que ce travail n’est pas une mauvaise parenthèse de sa journée, de sa vie ?

La première partie ne laisse donc pas apparaître la gentillesse et dessine une entreprise difficile à vivre :

« Difficile de prôner la sérénité au sein de l’entreprise quand on pense la guerre en dehors. »

En lisant cette phrase, je ne peux m’empêcher de penser à Blue Ocean Strategyou comment finalement éviter la guerre dont parle Jaffelin pour faire grandir son entreprise plus sereinement. Evidemment, cela exige aussi des efforts et la vigilance à l’égard de la concurrence guerrière (au sens de M Porter et de ses 5 forces).

« Si lien entre gentillesse et entreprise il y a, ce n’est donc pas dans un secteur qu’il faut le chercher, mais dans les relations professionnelles trop souvent considérées comme secondaires. »

La suite fait penser à un discours syndicale sur le profit contre les hommes :

« Le flux est le nouveau contremaître du salarié qui lui ordonne d’être toujours en mouvement, qui lui interdit la pause d’une manière plus redoutable encore que ne le faisait la chaîne de montage. »

D’ailleurs, le manager (ou manageur) s’en prend plein la figure. Rien sur les parties prenantes, en dehors de la concurrence à peine évoquée au travers de la guerre commerciale, pourtant le client est l’électeur principal des entreprises.

« Le manageur, les yeux rivés sur les indicateurs de performance, perd trop souvent de vue, non seulement le travail réellement effectué par le salarié, mais aussi et surtout la subjectivité de celui-ci, c’est-à-dire l’empreinte humaine qu’il apporte à l’entreprise et qui est faite de sa sensibilité, de son intelligence et de son histoire. »

Même quand on croit qu’il va finalement l’épargner, le manageur passe finalement pour un total incompétent qui ne capte pas l’essentiel :

« De fait, il serait trop lâche et trop facile de faire du manageur le bouc émissaire du mal-être dans l’entreprise et le responsable d’une logique qui, au fond, lui échappe pour l’essentiel. »

L’entreprise visée par E Jaffelin n’est pas la start up ou le petit commerçant. Il cible la grande entreprise… Pour avoir goûté à toutes les tailles d’entreprise, j’ai l’impression que l’auteur caricature la réalité et s’arrête sur les gros titres de Challenge, non ?

« le fait que ce dépeçage se fasse sous couvert de la loi en dit plus sur la capacité législative à entériner les faits là où il faudrait les enterrer que sur la différence morale du criminel et du « golden parachuté ». Il conviendrait d’ailleurs de s’interroger sur la valeur d’une loi qui protège les frelons : n’encourage-t-elle pas l’asociabilité, la déresponsabilisation sociale, le règne du tout-à-l’égo et, finalement, le mépris quotidien du salarié ? »

La confiance apparaît enfin dans les propos de l’auteur mais ce n’est qu’une ébauche comparée à ce qu’énonçait S.M.R Covey dans Speed of Trust :

« si le salarié n’est pas un cheval ni le manageur un cavalier, il n’est pas absurde de penser que « manager » consiste à instaurer une relation de confiance au sein d’une équipe pour en faire un attelage harmonieux. »

L’auteur s’en prend alors aux enseignements américanisés (type MBA) et à l’invasion des anglicismes dans notre quotidien.

« Jaurès disait que « quand les hommes ne peuvent plus changer les choses, ils changent les mots ». »

Je crois effectivement que la gentillesse est une force mais fallait-il un si long texte pour le lire ?

« Le fait que le sens de la gentillesse ait beaucoup varié ne nous empêche pas de reconnaître dans celui qui se montre bienveillant envers nous une noblesse morale et dans son geste, une authentique force morale. »

J’ai surligné bien plus de passages mais même en relisant ces citations, je suis finalement assez déçu de n’avoir pas trouvé chez Jaffelin un texte plus positif, plus constructif, moins culpabilisant tant pour les entreprises que pour les managers. Ca accentue ma déception de n’avoir pu entendre ses propos et débattre avec l’auteur…

Soyez gentils !

Proteus de Louis Raffin


Notre époque nous assomme d’information de toute part. Travaillant sur le sujet des smartcities, à l’occasion de mes commutations, j’ai regardé sur mon Kindle ce que je pouvais me charger sur le sujet. Les propositions d’Amazon sont assez pauvres en français et finalement, je fatigue des enseignements… j’allais abandonner ma recherche me disant qu’il serait préférable que je m’aère l’esprit avec un roman et là, je tombe sur Proteus de Louis Raffin. Alors je clique !

J’accroche rapidement, l’histoire s’ancre dans notre réalité contemporaine avec des images intéressantes :

« Au Monopoly, il n’y a que des perdants. Pour entamer une nouvelle partie, il faut d’abord détruire les richesses accumulées lors de la précédente. C’est ce qu’on appelle une crise économique, et si elle se prolonge, elle peut mener jusqu’à la guerre, comme à la fin des années 30. »

Un roman donc mais qui ne se vide pas d’enseignements :

« si vous regardez l’Histoire, ce sont le plus souvent des individus déterminés, et non les masses, qui en ont changé le cours… »

Pour la smartcity, je repasserai mais j’ai pris un certain plaisir à lire cette histoire qui est un peu un « Odyssée de l’espace » sur terre et qui illustre ce que pourrait être finalement notre avenir avec l’internet des objets, la robotisation et toutes les avancées technologiques que l’avenir nous réserve encore.

 

C’était comment Stephen King ?

Ca remonte au lycée quasiment… si j’ai gardé le souvenir d’avoir lu rapidement Bazaar pour impressionner une amie qui le lisait, je me souviens avoir apprécié la facilité à lire Stephen King. Cet été, je me suis demandé, si j’étais encore capable de me laisser emporter dans ses univers. J’ai alors choisi Mr Mercedes, roman policier, pour ne pas partir directement sur du fantastique.

Que des personnages « normaux », pas des superhéros, pas des canons de beauté, pas d’intelligence supérieure non plus. Pas de surnaturel… une histoire finalement simple dont la trame ferait une mauvaise série mais une dimension psychologique intéressante. On balance entre les états d’âme d’un flic retraité et l’obscur criminel dont l’action relève du terrorisme.

« Si tu regardes trop longtemps l’abîme, a écrit Nietzsche, l’abîme aussi regardera en toi. »

Finalement, le maître de l’horreur et du fantastique ne s’en sort pas si mal avec ce roman policier. Je ne le pointe pas au top de la liste et ne le recommande pour passer le temps dans les transports ou en grillant sur la plage.

A ma question-titre, c’est un autre roman de Stephen King qui donnera une réponse positive (à suivre donc :)).