Le temps de faire une pause

Sur les 3 livres que j’ai ouverts de front, il y en a un qui a pris de vitesse les autres : « Trop Vite ! » de Jean-Louis Servan-Schreiber. Quelle ironie ! Pourtant l’auteur aurait sans doute préféré que je le lise plus lentement avec autant d’attention que l’intérêt qu’il a pu susciter et que je me mette au calme plutôt que dans le feu du RER connectant quotidiennement mon domicile à mon bureau. Pour relire au calme certains passages, j’ai donc corné, corné et corné quasiment une page sur trois !

Si le temps est le fil conducteur du livre, l’auteur explore les trois piliers du développement durable :

  • Sociétal : tant au travers des tendances politiques qu’au travers des relations aux autres,
  • Economique : l’impact sur la vie des entreprises, le système financier et la consommation,
  • Environnemental : parce que le temps nous est compté…

L’introduction pose le ton, avec du positif : « Nous avons tout pour mieux savoir, comprendre et prévoir. » suivi du négatif (souvent sous forme de question) : « Par quelle étrange malédiction sommes-nous pourtant, collectivement et individuellement, devenus myopes ? » JLSS explique ce mal par « la pandémie du court-termisme ».

Il explique la contagion par le progrès technologique et l’accélération provoquée par Internet notamment. C’est vrai qu’Internet permet un zapping permanent d’un sujet à un autre, de lire des informations toujours plus courtes, de se limiter à l’essentiel ou parfois au superficiel malheureusement… Et cela se propage dans le monde politique comme dans nos entreprises aux plus hauts niveaux. Plusieurs fois, j’ai été témoin de prises de décisions, certes avec élégance mais parfois aussi avec esbroufe, sans recul  et sans prise en compte du long terme (« Après moi, le déluge ! »). Certains ont même reporté leurs réflexions en me disant : « un tel décret mérite un schéma. Sujet suivant ! » Mouais… le monsieur avait raison, j’aurais pu prendre le temps de faire un schéma mais le fameux décret tient sur un A4. Cet exemple illustre pour moi une crainte de JLSS sur la « démusculation » de nos neurones : les « transformations profondes de nos modes d’action et rythmes de travail sont en train de modifier nos comportements, au risque d’atrophier certaines de nos facultés. » L’auteur nous invite a lire l’article de Nicholas Carr : « Is Google making us stupid ? »  Faut-il donc avoir peur des progrès ? JLSS modère la réponse en rappelant que Socrate « s’inquiétait du développement de l’écriture, craignant que les gens ne finissent par confondre les mots écrits avec la vraie connaissance. » Au-delà d’Internet, ce sont tous les nouveaux services qui contribuent au court-termisme : « Vivons dans l’instant, nous en avons les instruments ! ». L’auteur illustre ce point et le fait que « la valeur d’usage commence à supplanter celle de possession » par le Velib, l’autolib, … Reste à voir si le partage dure dans le long terme, si les produits partagés sont maintenus en l’état continuant à rendre les services séduisants.

Le journaliste cite également Robert Rochefort rappelant qu’autrefois « nous avions une conception patrimoniale des objets et de l’acte d’achat. » Ca m’a rappelé les propos d’Yves Carcelle lors des rencontres économiques de Saint-Germain-en-Laye. Le patron de Louis Vuitton expliquait que le luxe avait traversé la crise car les produits sont de « réels investissements » qui apportent aux clients un « supplément d’émotion ». Un sac Louis Vuitton s’achète sans doute avec la même conception qu’autrefois. Quels objets laisserai-je à mes enfants ? Je ne sais pas… cela dit, mon fils aîné allume de temps en temps le synthétiseur que j’ai eu il y a maintenant plus de 20 ans.

La lecture de certains passages a retenu aussi mon attention par rapport à mes garçons. JLSS conte une expérience où on laisse un enfant seul dans une pièce avec un bonbon en lui promettant de lui en donner un 2ème dix minutes plus tard, si l’enfant n’a pas à ce moment mangé le bonbon. Visiblement « la grande majorité des petits mangeait le bonbon tout de suite. » Quand je les observe, je me dis qu’individuellement chacun pourrait craquer tandis qu’en groupe ils pourraient peut-être tenir le coup… Faudra que j’essaie ! Mais comment savoir si céder à certains de leurs caprices nuira plus tard à leur avenir ? J’ai parfois l’impression d’user du prétexte qu’ils sont petits (ou de mes absences) pour répondre à ces pleurs, ces crises, … De la même façon, JLSS écrit : « La science donne de l’espoir, mais elle sert aussi de prétexte à ceux qui préfèrent retarder les mesures contraignantes. »

Je ne peux que conseiller la lecture de ce livre à celles et ceux qui s’interrogent sur leurs propres vies tant personnelles que professionnelles.

Deviens ce que tu es

Depuis plusieurs mois, je n’ai pas fini un livre mais j’ai continué à corner des pages des 4 livres que j’ai entamés de front… Et l’autre soir, je n’en avais aucun des 4 sur moi donc avant de monter dans mon RER retour, j’ai parcouru les rayons du Relay sur mon quai. Comme pour la plupart des livres, je me suis laissé tenter par le titre : « Retrouver du sens » du magazine « Philosophie pratique ». Pourquoi donc avoir mis la philosophie de côté depuis le bac ? Jamais lu auparavant ce mag, je voulais comprendre comment mettre la philosophie en pratique et donner du sens à mes enfants comme à ma vie professionnelle. Raté ! Faut dire que ce n’est pas non plus un livre de recette alors j’ai ravalé ma naïveté pour finir par apprécier.

Pierre Cormary propose dans un article « Une relecture de Par-delà bien et mal ».  La pratique est finalement peut-être là puisque l’homme souffle : « Deviens ce que tu es. Sois ce que tu veux vraiment. » N’est-ce pas finalement ce que ma femme va finir par réaliser en 2011 ? Quelques lignes après, c’est un appel à la vie et une invitation à y prendre goût : « La conscience du corps grâce à laquelle la majorité d’entre nous ne se suicide pas – car s’il n’y avait que l’âme pour nous guider, l’humanité aurait péri depuis longtemps. »

Un autre article m’interpelle avec en titre : « Nietzsche contre les fantômes galonnés » par Luc-Olivier d’Algange. L’auteur écrit avec justesse et élégance : « Par méconnaissance de son corps et de son âme, par manque d’hygiène morale, par de fallacieuses analyses, l’homme moderne se rend inapte à user de son entendement ; il se prive de la puissance magnifique d’exercer sa vie et de la hausser à la beauté et à la dignité de l’œuvre d’art. » J’hésite à commenter plus pour ne pas dénaturer les propos. Plus loin, il ajoute : « Surmonter le nihilisme, vaincre la mauvaise conscience, c’est d’abord retrouver la beauté du geste, et le sens de sa profondeur. » Décryptant Nietzsche au fil des pages, on apprend : « Entre l’ignorance pure et simple et l’écrasement sous l’exégèse savante qui interdit tout recours intime et personnel à l’œuvre, il existe une heure fugace, matinale, périlleuse et belle où la possibilité immense d’une œuvre offerte jaillit dans l’âme de quelques lecteurs assez magnanimes pour aller à l’essentiel et ne pas se laisser heurter par des divergences d’opinions. (…) Comprendre ce que Nietzsche nomme le « grand style », c’est déjà être passé de l’autre côté de l’alternative sommaire du fond et de la forme. »

Relire des passages de Nietzsche ou de Spinoza m’a ramené quelques années en arrière (presque à la moitié de ma vie) tout en me questionnant sur ma façon de vivre aujourd’hui. Finalement, j’ai bien envie de reprendre les propos de Pierre Cormary et de les élever au pluriel : « Devenons ce que nous sommes. Soyons ce que nous voulons vraiment. »

La grève autrement : est-ce possible ?

S’il y a bien une chose qui n’évolue pas, c’est la grève. Quelques soient les partis au pouvoir, des manifestations éclatent et malheureusement des casseurs se cachent dans la foule…

Lorsque j’étais lycéen, je me suis laissé également entraîner dans la rue pour crier un mécontentement général contre le ministre de l’éducation de l’époque et ses propositions. Je me souviens de quelques slogans scandées et quand des débordements ont commencé à naître, j’ai rejoint un ami d’un autre lycée pour prendre un verre calmement dans un café.

Aujourd’hui, les manifestations éclatent contre la réforme des retraites et plusieurs personnalités, y compris politiques, ont appelé les lycéens dans la rue. Mais Pourquoi ? Manquait-il de monde ? Manquait-il de voix ? Manquait-il de violence ? Les raisons invoqués par les lycéens : « On ne veut pas travailler si vieux ! » ou « Si les places ne se libèrent pas, nous n’aurons jamais de travail ! » Pourquoi pas ?

On entend ou on lit que tout le monde est d’accord sur le principe d’une réforme mais peu apporte des idées ou des propositions. Certaines ont été prises en compte malgré tout, pourtant, la grogne continue et les lycéens défilent dans les rues permettant à d’autres de casser, de piller et finalement de minimiser les inquiétudes des lycéens soucieux de leur avenir.

Me sentant parfois victime ou otage des manifestants (généralement plus le personnel de transport public que des lycéens), je me suis souvent posé la question comment faire porter un message sans paralyser tout le monde. Pas facile ! Pour les lycéens, il serait cependant si facile de se rassembler dans des classes, organiser des brainstormings géants pour chercher des solutions aux problèmes des retraites en toute modestie et aussi avec toute la fraîcheur de la jeunesse, mettre à profit une intelligence collective plutôt que défiler dans des rues avec comme seul objectif de dire : « nous étions nombreux ! »  Internet permet déjà de dire qu’on est nombreux (un exemple par ici : 1 million de non grévistes).

Si les lycéens sont si inquiets pour leur avenir, ils peuvent aussi le prendre en main autrement qu’avec des solutions du passé.

De même pour les grévistes d’entreprise, pourquoi ne pas faire la grève autrement ? Pourquoi ne pas mobiliser la main d’œuvre manifestante pour des actions d’intérêt général ? Je suis sûr que d’autres idées pour mieux faire entendre les messages tout en montrant une attitude positive et constructive.

Alors Stop La Grève et à vos idées pour faire bouger les choses dans le bon sens !

Article 0% – un peu de légèreté

Lors de la création de ce blog, j’avais annoncé que j’y partagerais mes réflexions sur des sujets plus ou moins graves, sur mes états d’âme comme sur mes lectures. Aujourd’hui, c’est un mélange de tout cela : l’application des leçons tirées d’une lecture avec beaucoup de légèreté.

Cet été, ma femme m’a donné à lire : « Je ne sais pas maigrir » de Pierre Dukan. L’idée était de démarrer un régime début août pendant que nos petits monstres passaient leurs vacances chez leurs grands parents. Continuer la lecture

Le leadership, il y a environ 2000 / 2500 ans

Si le titre avait attiré mon regard et m’intriguait, c’est la quatrième de couverture qui m’avait décidé à acheter « Socrate Jésus Bouddha – Trois maîtres de vie » de Frédéric Lenoir et en particulier cette première phrase : « La crise que nous vivons n’est pas simplement économique et financière, mais aussi philosophique et spirituelle. » Je partage complètement ce constat. Je me suis parfois demandé si la crise économique et financière n’a pas été une conséquence non pas de la morosité des marchés mais de la morosité des gens, du manque de rigueur individuelle et collective, d’une absence de rêve et de sens dans la vie aussi bien professionnelle que privée. Bien que Frédéric Lenoir aborde la crise dans son avant-propos, le livre porte sur les portraits croisés de Socrate, Jésus et Bouddha. Evidemment, les parallèles sont faciles entre notre époque où les gens rêvent de posséder et leurs modes de vie dépouillés. En particulier, le portrait de Bouddha met en relief ces différences : « la vie, dit-il, est dhukka. L’origine de la dhukka est la soif, le désir. » L’objectif du Bouddha sera d’éliminer cette dhukka et d’atteindre ainsi le nirvana.

OK mais finalement, j’ai eu d’abord l’impression de m’être laissé avoir par une accroche marketing sur la crise… J’ai fait du catéchisme donc la vie de Jésus, je l’avais déjà entendu… j’ai fait de la philosophie en classe donc Socrate ne m’était pas inconnu… Bouddha est sans doute celui que je connaissais moins même si j’avais pu lire quelques articles ici et là… En fait, j’ai redécouvert les 3 hommes avec plaisir et j’ai corné de nombreuses pages. C’est écrit avec beaucoup de simplicité sans être moralisateur. Il s’agit de portraits que croise l’auteur tout en nous laissant la liberté d’en tirer des leçons (ou non). J’y ai vu des leaders et finalement un livre de management.

« Antiphon (…) demande [à Socrate] : « Comment peux-tu prétendre faire de la politique, alors qu’on ne te voit jamais en aucune assemblée et que tu ne participes à rien ? », [Socrate] répond superbement : « En formant des hommes capables de les conduire ». »

« Il faut dompter sa pensée, même si elle est rétive et imprécise, et chemine là où elle veut. Quand vous la domptez, elle vous mène à la félicité ».

Frédéric Lenoir s’interroge avec Jésus sur l’utilité de « l’application mécanique de règles édictées par les Anciens lorsque la dimension essentielle, à savoir l’agapè, (…) est écartée ou oubliée ? »

Les trois hommes vivent selon leurs enseignements et conduisent leurs disciplines avec leadership, sans imposer leurs lois mais en partageant leurs visions et en invitant à l’introspection. L’auteur le formule ainsi : « si l’existence est un fait, vivre est un art. Un art qui s’apprend en interrogeant les sages et en travaillant sur soi. » Même si le prince Siddhârta n’est pas encore le Bouddha, il est déjà un grand homme. Son rang ne l’empêche pas d’apprendre de son cocher et de l’écouter. C’est une chose d’autant plus rare, qu’elle méritait d’être soulignée. En effet, dans nos entreprises, le grade aveugle parfois les chefs, ne sachant plus tirer conseils auprès de leurs collaborateurs.  Avant de mourir, Socrate répond aussi à ses disciplines apeurés de ne plus avoir de maître : « La Grèce est grande, et l’on y trouve un grand nombre de personnes habiles. Et il y a bien des pays étrangers : il faut les parcourir tous, et les interroger pour trouver cet enchanteur, sans épargner ni travail, ni dépense. Il n’y a rien à quoi vous puissiez employer votre fortune plus utilement. Et puis, il faut aussi que vous le cherchiez parmi vous. Car vous ne trouverez peut-être personne plus capable de faire ces enchantements que vous-mêmes » (Phédon, 78a).

Malgré tout je ne me suis pas converti au bouddhisme pour autant notamment quand Bouddha invite à «  se garder de la recherche du faux bonheur que procurent les plaisirs des sens. » J’apprécie trop les bonnes choses pour abandonner les plaisirs de bons repas, de beaux voyages et autres petits bonheurs.

Enfin, j’ai également pu réviser les sept péchés capitaux et faire un auto-bilan :

  1. La paresse : ça m’arrive encore de temps en temps mais je lutte souvent contre.
  2. L’orgueil : je ne pense pas l’être.
  3. La gourmandise : euh… ce péché là… cela dit, je l’ai mis un peu de côté depuis plus d’un mois (j’y reviendrai dans un ou deux mois pour détailler tout ça)
  4. La luxure : j’ai arrêté aussi et je m’en porte beaucoup mieux.
  5. L’avarice : je ne crois pas en avoir eu un jour.
  6. La colère : de temps en temps, ça surgit mais je tempère en câlinant ensuite.
  7. L’envie : ça a pu m’arriver par le passé.

Il me reste quelques péchés non capitaux comme celui de corner les pages des livres, ce qui agace ma petite maman !

Si nous changions le monde

« 80 Hommes pour changer le monde » fait partie de ces livres qui donnent envie de rencontrer des personnes exceptionnelles, de voyager et d’entreprendre.  Quelques années avant le livre de Dominique Nora (« Les pionniers de l’or vert », voir l’un de mes précédents articles par ici), Sylvain Darnil et Mathieu le Roux ont fait le tour de la planète pour dresser les portraits de « personnalités qui (les) inspirent », des « alter-entrepreneurs ». Ces entrepreneurs rencontrés par Sylvain Darnil et Mathieu le Roux ont d’exceptionnel (les auteurs les appellent aussi des « héros ») d’avoir choisi à un moment ou un autre de leur vie d’écouter la petite voix intérieure pour donner du sens à leur vie professionnelle (si on peut distinguer vie pro et vie perso pour ces Hommes). Une autre de mes lectures m’a rappelé une parole du père de la philosophie qui colle avec la quête des 2 aventuriers de « 80 hommes pour changer le monde » ; Socrate  répond à ses disciples avant de boire la ciguë : « La Grèce est grande, et l’on y trouve un grand nombre de personnes habiles. Et il y a bien des pays étrangers : il faut les parcourir tous, et les interroger pour trouver cet enchanteur, sans épargner ni travail ni dépense. Il n’y a rien à quoi vous puissiez employer votre fortune plus utilement. Et puis, il faut aussi que vous le cherchiez parmi vous. Car vous ne trouverez peut-être personne plus capable de faire ces enchantements que vous-mêmes. »

Entreprendre

Comme beaucoup des livres que j’ai pus lire, j’ai corné un grand nombre de pages, touché par l’expérience des auteurs et aussi par ces hommes et femmes. Au-delà de l’idéalisme porté par ces biographies, j’admire la réussite de ces entrepreneurs à développer des sociétés, donnant du travail à des hommes et des femmes, plus que des salaires, du sens, trop souvent oublié ou perdu dans nos entreprises occidentales. Ces nouveaux dirigeants se battent pour des résultats sur le long terme mettant un point d’honneur à équilibrer les drivers financiers et les drivers développement durable.

Voyager

Ce récit de voyages m’a rappelé les rencontres professionnelles que j’ai eues à Seattle, New York, Austin, New Delhi, Amsterdam, Tokyo, … Des paysages, des vies, des idées partagées, des succès, des rêves…  Sylvain Darnil et Mathieu le Roux citent Oscar Wilde : « il est important d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit ». L’expérience des auteurs renforce l’idée que Montaigne se faisait sur les voyages qui forment la jeunesse.

Grandir

Curieusement, même si mon plus grand fils n’a que 8 ans, l’aventure de ces 2 jeunes gens m’a projeté dans l’avenir de mes 3 enfants, m’a donné l’espoir de pouvoir leur offrir un jour un voyage similaire pour les aider à prendre conscience de leurs chances et de donner toujours plus de sens à leurs vies. Maximilien Rouer, fondateur et président de BeCitizen, préface l’ouvrage en affirmant que ces « jeunes ultra-diplômés, certains débutants et d’autres plus expérimentés, qui hier auraient postulé dans les plus grands groupes, et aujourd’hui rejettent ces structures pour leur manque de sens, ou ne les conçoivent que comme un passage obligé pour rendre efficace leur engagement suivant… » puis, plus loin : « Cette nouvelle génération se prend en charge, ayant réalisé précocement que nos aînés ont trop à faire pour maintenir leurs privilèges. »  J’espère sincèrement que mes petits monstres s’enthousiasmeront un jour pour une telle aventure.

Développement durable

Celles et ceux qui souhaitent dépasser la définition du développement durable trouveront dans ce livre la plus belle illustration. Nos 2 auteurs ont en effet rencontré des entrepreneurs impliqués sur le volet social et sociétal comme Yunus Muhammad et la Grameen Bank donnant accès au crédit aux plus défavorisés (Inde) ou encore Lerner Jaime au Brésil dans le domaine de l’urbanisme. J’ai apprécié l’originalité du projet de Garth Japhet, en Afrique du Sud, avec une télé-réalité éducative. Le volet environnement est également largement abordé avec de nombreux exemples sur la gestion des déchets ou encore la transformation du process de la société Safechem remplaçant un produit polluant par un service plus respectueux de la nature. Cet été, j’ai lu également l’histoire de Guy et Neca Marcovaldi et leur projet Tamar à mes enfants qui ont été attentifs à l’aide portée aux tortues des plages brésiliennes. Quant au volet économie, tous cherchent à développer des entreprises rentables et à attirer les investisseurs à tenir compte du sens profond porté par leurs idées. On pourra retenir l’exemple d’Amy Domini et du premier index boursier éthique, le Domini Social Index.

Si vous n’êtes pas encore convaincu de lire ce récit qui a obtenu le prix littéraire des droits de l’Homme 2005, parcourez le site web des auteurs : www.80hommes.com

Pas facile de construire quand détruire est si simple

Au 56ème étage de la Tour Montparnasse, je suis venu écouter notamment JP Goux et d’autres illustres personnes débattre sur le green business : le business mise green par Générations d’idées. Marc Guillaume a ouvert la soirée expliquant que si l’Europe se préoccupe de son air, l’Asie s’inquiète pour ses terres et la qualité de l’eau tandis que les américains abordent le sujet par l’innovation. Des questions ont fusé autour des énergies, des habitudes de consommations et des initiatives locales (type EcoWatt en Bretagne).

Les discussions se sont installées un instant autour des indicateurs : on a opposé la nécessité de mesurer les choses à la simplicité d’un discours invitant au changement. Les voitures ont été citées grâce à l’évolution technologique des moteurs et la pédagogie de la pub automobile affichant un indicateur CO2. Je n’ai pas osé dire que mes enfants – bien qu’intelligents – ne comprendront sans doute pas tout de suite ce que cela signifie. Sans doute suis-je trop facile en acceptant de leur offrir une console dont le bilan carbone est mauvais mais dont le rêve du jeu reste plus fort pour leur jeune conscience carbonique ? Ils sont plus attirés par le bénéfice plaisir du jeu que l’angoisse d’émettre des GES tout au long du cycle de vie de leurs consoles. Comment puis-je changer cela ? Couper la tv ? Internet ? Les retirer de l’école et autres activités associatives où d’autres enfants prennent plaisir avec ces objets ? Hors de question !

Reparti vexé d’avoir été coupé dans sa question qui tardait à sortir, un jeune homme rageait dans l’ascenseur parce qu’il ne comprenait pas que les consommateurs à qui on demande d’économiser l’énergie réclament une part de richesse. Il s’insurgeait disant qu’on ne le payait pas lui pour ne pas avoir de voiture, etc… Malgré les 56 étages à descendre, là encore, je n’ai pas osé lui dire de prendre le problème dans l’autre sens. Certes, il n’est pas payé pour ne pas rouler en voiture et donc il économise l’achat du véhicule, l’assurance, l’essence, l’entretien, … Sur Paris il peut le faire, à Distroff beaucoup moins (publicité gratuite et subliminale pour mon village d’enfance). Cette économie, il en a peut-être conscience, d’autres non ou encore une fois, d’autres ne peuvent faire autrement qu’avoir une voiture. J’ai d’ailleurs été surpris que pour l’initiative EcoWatt, personne ne dise qu’en fait RTE gagne sur la gestion de la pointe couteuse pour le gestionnaire de transport et le consommateur économise également sur sa facture en plus de faire un geste héroïque.

Pas facile d’aller au bout de la route quand elle est sinueuse et longue.

Pas facile de rêver quand les héros n’existent plus.

Pas facile de construire quand détruire est si simple.

Souvenirs du Japon

Fin novembre 2007, avec un collègue, nous partîmes en mission au Japon pour échanger sur les pratiques opérationnelles des gaziers comparables…  Ni Pascal, ni moi n’y avions mis les pieds avant.  Le Japon compte 2 fois plus d’habitants que la France sur un territoire presque 2 fois plus petit. Les japonais se concentrent en plus sur à peine plus de 20% de la superficie (chiffres que j’avais trouvé à l’époque de notre rapport). Une autre particularité, le pays subit environ 3000 secousses sismiques par an (évidemment la plupart sont minimes) et autres catastrophes naturelles.

Notre directeur de programme se plaignit du fait que nous eussions programmé une interprète pour nos rencontres. Heureusement en réalité, car nos interlocuteurs ne s’exprimaient pas en anglais et encore moins en français.

Et l’expérience avec la langue démarra dès notre arrivée à Tokyo. Pas facile de se repérer en sortant du train entre l’aéroport et le centre ville, un passant voyant que nous étions perdus nous orienta aimablement grâce à la langue international des signes. Après avoir jeté nos sacs dans nos chambres face à Tokyo Bay, nous partîmes à la découverte de la ville. D’abord, nous repérâmes les lieux pour notre rendez-vous du lendemain avec Tokyo Gas puis une visite plus touristique commença. Pour éviter un dépaysement trop fort, nous montâmes dans la copie de la tour Eiffel. La Tokyo Tower masque la nuit par son éclairage ses rayures blanches et rouges qui la défigurent le jour. La ville s’étendait dense et verticale sous nos yeux émerveillés. Nous allâmes de quartier en quartier en commençant à réfléchir à notre premier dîner asiatique. La ville est impressionnante avec un étage piéton par endroit, ces grandes allées qui surplombent les routes. Certains sortaient des bars accessibles sur ces promenades et un vieil homme en costard semblait en avoir bien profité. La descente des escaliers a failli lui être fatal mais ce n’était sans doute pas la première fois qu’ivre il se tenait bien fermement à la rambarde. Continuer la lecture

2 siècles, 2 ingénieurs, 2 auteurs

Jusqu’à présent, je restituais ici de manière linéaire les pages cornées et les quelques réflexions inspirées par mes lectures. Aujourd’hui, j’ai envie de mélanger 2 livres écrits par deux auteurs différents, de formation ingénieur différente, et de 2 époques proches mais différentes malgré tout.

En guise d’introduction, je vous livre quelques brins de ma modeste petite vie pour vous conduire doucement vers ces 2 écrivains.

Petit, je disais à mes parents que je voulais être « ingénieur de légo ». Les petites briques m’occupaient beaucoup avec mon ami d’enfance Pierre et nous permettaient de voyager dans le temps et dans l’espace en nous racontant des histoires. Conquête de l’espace, conquête du far west, conquête moyenâgeuse, … Cette passion était à la limite de l’obsession puisque j’avais fait vider à maman le sac de l’aspirateur car il manquait le bouclier (environ 1 cm²) à l’un de mes chevaliers. A-t-on déjà vu un chevalier terrassé par un aspirateur ? Le bouclier fut retrouvé et le chevalier repartit en aventure…

Puis j’ai grandi, hésitant entre musique et poésie, pratiquant théâtre au lycée et films super 8 avec mon grand frère Jacques-Hervé. Evidemment, mes parents préféraient me voir ingénieur, métier d’avenir à l’époque (le premier roman présente ce métier ironiquement). Au-delà de poèmes oubliés, je me suis quand même livré à l’écriture d’une nouvelle, l’été de mon bac, plus pour exorciser mes cauchemars (seule valeur du texte), sans chercher à publier. L’écriture n’était pas une réelle nouveauté ; il s’agissait de garder une part de créativité tout comme avait su le faire l’un des deux auteurs dont je vais vous parler, le second n’ayant publié son premier livre qu’en 2010.

C’est effectivement au lycée que je découvre le premier auteur dont on m’avait dit qu’il avait fait l’école centrale des arts et manufactures devenue aujourd’hui la fameuse Ecole Centrale Paris. J’ai repris ces derniers jours la lecture de son premier roman, histoire de trouver des analogies avec le premier roman du second ingénieur, diplômé lui d’une autre école parisienne, l’école nationale supérieure de Techniques Avancées. La différence, c’est que le premier a été diplômé en 1942 et que le second a obtenu son diplôme 54 ans plus tard, soit en 1996. La première histoire est publiée au XXème tandis que la seconde est éditée au XXIème siècle : 2 siècles.

Les deux histoires dessinent des amitiés, des amours et des liens entre les personnages et leur environnement. Le roman de 1946 passe de la couleur à l’obscurité, les murs se resserrent, les fleurs fanent avec l’évolution de Chloé… L’aventure de 2010 commence sur un sombre constat environnemental et des comportements humains moins angéliques ; mais la noirceur cède progressivement la place au bleu.

Ces 2 dessins et les desseins des personnages s’animent tout en poésie. Chaque poésie est elle-même mise en musique par les 2 auteurs. Le premier, fan de jazz, sonorise son histoire avec notamment « du » Duke Ellington. Même si on retrouve Miles Davis, le second propose un environnement musical plus souvent techno. L’influence musicale de nos 2 auteurs-ingénieurs tient certainement à leur époque. Le plus ancien a choisi de déformer la réalité tandis que le plus jeune implique l’actualité dans son histoire, l’avenir nous dira si son histoire participera à l’actualité au sens améliorer notre quotidien pour éviter une sombre évolution…

J’ai donc corné énormément de pages dans chacun des 2 livres car les 2 histoires sont magnifiquement écrites et ont parfois provoqué chez moi des émotions. Je garderais pour moi cette fois-ci les passages préférés vous laissant découvrir par vous-même la beauté des deux univers. Les indices ci-dessus vous auront peut-être permis de reconnaître « L’écume des jours » de Boris Vian et « Siècle bleu » de Jean-Pierre Goux.

A l’ère de l’écologie, de la globalisation et de l’internet, vous pourrez retrouver JP Goux sur son blog www.sieclebleu.org  voire devenir ami avec ses personnages principaux sur Facebook.

Bonne lecture et bonne écoute si vous écoutez les interviews (elles valent le coup !) !