« 80 Hommes pour changer le monde » fait partie de ces livres qui donnent envie de rencontrer des personnes exceptionnelles, de voyager et d’entreprendre. Quelques années avant le livre de Dominique Nora (« Les pionniers de l’or vert », voir l’un de mes précédents articles par ici), Sylvain Darnil et Mathieu le Roux ont fait le tour de la planète pour dresser les portraits de « personnalités qui (les) inspirent », des « alter-entrepreneurs ». Ces entrepreneurs rencontrés par Sylvain Darnil et Mathieu le Roux ont d’exceptionnel (les auteurs les appellent aussi des « héros ») d’avoir choisi à un moment ou un autre de leur vie d’écouter la petite voix intérieure pour donner du sens à leur vie professionnelle (si on peut distinguer vie pro et vie perso pour ces Hommes). Une autre de mes lectures m’a rappelé une parole du père de la philosophie qui colle avec la quête des 2 aventuriers de « 80 hommes pour changer le monde » ; Socrate répond à ses disciples avant de boire la ciguë : « La Grèce est grande, et l’on y trouve un grand nombre de personnes habiles. Et il y a bien des pays étrangers : il faut les parcourir tous, et les interroger pour trouver cet enchanteur, sans épargner ni travail ni dépense. Il n’y a rien à quoi vous puissiez employer votre fortune plus utilement. Et puis, il faut aussi que vous le cherchiez parmi vous. Car vous ne trouverez peut-être personne plus capable de faire ces enchantements que vous-mêmes. »
Entreprendre
Comme beaucoup des livres que j’ai pus lire, j’ai corné un grand nombre de pages, touché par l’expérience des auteurs et aussi par ces hommes et femmes. Au-delà de l’idéalisme porté par ces biographies, j’admire la réussite de ces entrepreneurs à développer des sociétés, donnant du travail à des hommes et des femmes, plus que des salaires, du sens, trop souvent oublié ou perdu dans nos entreprises occidentales. Ces nouveaux dirigeants se battent pour des résultats sur le long terme mettant un point d’honneur à équilibrer les drivers financiers et les drivers développement durable.
Voyager
Ce récit de voyages m’a rappelé les rencontres professionnelles que j’ai eues à Seattle, New York, Austin, New Delhi, Amsterdam, Tokyo, … Des paysages, des vies, des idées partagées, des succès, des rêves… Sylvain Darnil et Mathieu le Roux citent Oscar Wilde : « il est important d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit ». L’expérience des auteurs renforce l’idée que Montaigne se faisait sur les voyages qui forment la jeunesse.
Grandir
Curieusement, même si mon plus grand fils n’a que 8 ans, l’aventure de ces 2 jeunes gens m’a projeté dans l’avenir de mes 3 enfants, m’a donné l’espoir de pouvoir leur offrir un jour un voyage similaire pour les aider à prendre conscience de leurs chances et de donner toujours plus de sens à leurs vies. Maximilien Rouer, fondateur et président de BeCitizen, préface l’ouvrage en affirmant que ces « jeunes ultra-diplômés, certains débutants et d’autres plus expérimentés, qui hier auraient postulé dans les plus grands groupes, et aujourd’hui rejettent ces structures pour leur manque de sens, ou ne les conçoivent que comme un passage obligé pour rendre efficace leur engagement suivant… » puis, plus loin : « Cette nouvelle génération se prend en charge, ayant réalisé précocement que nos aînés ont trop à faire pour maintenir leurs privilèges. » J’espère sincèrement que mes petits monstres s’enthousiasmeront un jour pour une telle aventure.
Développement durable
Celles et ceux qui souhaitent dépasser la définition du développement durable trouveront dans ce livre la plus belle illustration. Nos 2 auteurs ont en effet rencontré des entrepreneurs impliqués sur le volet social et sociétal comme Yunus Muhammad et la Grameen Bank donnant accès au crédit aux plus défavorisés (Inde) ou encore Lerner Jaime au Brésil dans le domaine de l’urbanisme. J’ai apprécié l’originalité du projet de Garth Japhet, en Afrique du Sud, avec une télé-réalité éducative. Le volet environnement est également largement abordé avec de nombreux exemples sur la gestion des déchets ou encore la transformation du process de la société Safechem remplaçant un produit polluant par un service plus respectueux de la nature. Cet été, j’ai lu également l’histoire de Guy et Neca Marcovaldi et leur projet Tamar à mes enfants qui ont été attentifs à l’aide portée aux tortues des plages brésiliennes. Quant au volet économie, tous cherchent à développer des entreprises rentables et à attirer les investisseurs à tenir compte du sens profond porté par leurs idées. On pourra retenir l’exemple d’Amy Domini et du premier index boursier éthique, le Domini Social Index.
Si vous n’êtes pas encore convaincu de lire ce récit qui a obtenu le prix littéraire des droits de l’Homme 2005, parcourez le site web des auteurs : www.80hommes.com