Deviens ce que tu es

Depuis plusieurs mois, je n’ai pas fini un livre mais j’ai continué à corner des pages des 4 livres que j’ai entamés de front… Et l’autre soir, je n’en avais aucun des 4 sur moi donc avant de monter dans mon RER retour, j’ai parcouru les rayons du Relay sur mon quai. Comme pour la plupart des livres, je me suis laissé tenter par le titre : « Retrouver du sens » du magazine « Philosophie pratique ». Pourquoi donc avoir mis la philosophie de côté depuis le bac ? Jamais lu auparavant ce mag, je voulais comprendre comment mettre la philosophie en pratique et donner du sens à mes enfants comme à ma vie professionnelle. Raté ! Faut dire que ce n’est pas non plus un livre de recette alors j’ai ravalé ma naïveté pour finir par apprécier.

Pierre Cormary propose dans un article « Une relecture de Par-delà bien et mal ».  La pratique est finalement peut-être là puisque l’homme souffle : « Deviens ce que tu es. Sois ce que tu veux vraiment. » N’est-ce pas finalement ce que ma femme va finir par réaliser en 2011 ? Quelques lignes après, c’est un appel à la vie et une invitation à y prendre goût : « La conscience du corps grâce à laquelle la majorité d’entre nous ne se suicide pas – car s’il n’y avait que l’âme pour nous guider, l’humanité aurait péri depuis longtemps. »

Un autre article m’interpelle avec en titre : « Nietzsche contre les fantômes galonnés » par Luc-Olivier d’Algange. L’auteur écrit avec justesse et élégance : « Par méconnaissance de son corps et de son âme, par manque d’hygiène morale, par de fallacieuses analyses, l’homme moderne se rend inapte à user de son entendement ; il se prive de la puissance magnifique d’exercer sa vie et de la hausser à la beauté et à la dignité de l’œuvre d’art. » J’hésite à commenter plus pour ne pas dénaturer les propos. Plus loin, il ajoute : « Surmonter le nihilisme, vaincre la mauvaise conscience, c’est d’abord retrouver la beauté du geste, et le sens de sa profondeur. » Décryptant Nietzsche au fil des pages, on apprend : « Entre l’ignorance pure et simple et l’écrasement sous l’exégèse savante qui interdit tout recours intime et personnel à l’œuvre, il existe une heure fugace, matinale, périlleuse et belle où la possibilité immense d’une œuvre offerte jaillit dans l’âme de quelques lecteurs assez magnanimes pour aller à l’essentiel et ne pas se laisser heurter par des divergences d’opinions. (…) Comprendre ce que Nietzsche nomme le « grand style », c’est déjà être passé de l’autre côté de l’alternative sommaire du fond et de la forme. »

Relire des passages de Nietzsche ou de Spinoza m’a ramené quelques années en arrière (presque à la moitié de ma vie) tout en me questionnant sur ma façon de vivre aujourd’hui. Finalement, j’ai bien envie de reprendre les propos de Pierre Cormary et de les élever au pluriel : « Devenons ce que nous sommes. Soyons ce que nous voulons vraiment. »