Le leadership, il y a environ 2000 / 2500 ans

Si le titre avait attiré mon regard et m’intriguait, c’est la quatrième de couverture qui m’avait décidé à acheter « Socrate Jésus Bouddha – Trois maîtres de vie » de Frédéric Lenoir et en particulier cette première phrase : « La crise que nous vivons n’est pas simplement économique et financière, mais aussi philosophique et spirituelle. » Je partage complètement ce constat. Je me suis parfois demandé si la crise économique et financière n’a pas été une conséquence non pas de la morosité des marchés mais de la morosité des gens, du manque de rigueur individuelle et collective, d’une absence de rêve et de sens dans la vie aussi bien professionnelle que privée. Bien que Frédéric Lenoir aborde la crise dans son avant-propos, le livre porte sur les portraits croisés de Socrate, Jésus et Bouddha. Evidemment, les parallèles sont faciles entre notre époque où les gens rêvent de posséder et leurs modes de vie dépouillés. En particulier, le portrait de Bouddha met en relief ces différences : « la vie, dit-il, est dhukka. L’origine de la dhukka est la soif, le désir. » L’objectif du Bouddha sera d’éliminer cette dhukka et d’atteindre ainsi le nirvana.

OK mais finalement, j’ai eu d’abord l’impression de m’être laissé avoir par une accroche marketing sur la crise… J’ai fait du catéchisme donc la vie de Jésus, je l’avais déjà entendu… j’ai fait de la philosophie en classe donc Socrate ne m’était pas inconnu… Bouddha est sans doute celui que je connaissais moins même si j’avais pu lire quelques articles ici et là… En fait, j’ai redécouvert les 3 hommes avec plaisir et j’ai corné de nombreuses pages. C’est écrit avec beaucoup de simplicité sans être moralisateur. Il s’agit de portraits que croise l’auteur tout en nous laissant la liberté d’en tirer des leçons (ou non). J’y ai vu des leaders et finalement un livre de management.

« Antiphon (…) demande [à Socrate] : « Comment peux-tu prétendre faire de la politique, alors qu’on ne te voit jamais en aucune assemblée et que tu ne participes à rien ? », [Socrate] répond superbement : « En formant des hommes capables de les conduire ». »

« Il faut dompter sa pensée, même si elle est rétive et imprécise, et chemine là où elle veut. Quand vous la domptez, elle vous mène à la félicité ».

Frédéric Lenoir s’interroge avec Jésus sur l’utilité de « l’application mécanique de règles édictées par les Anciens lorsque la dimension essentielle, à savoir l’agapè, (…) est écartée ou oubliée ? »

Les trois hommes vivent selon leurs enseignements et conduisent leurs disciplines avec leadership, sans imposer leurs lois mais en partageant leurs visions et en invitant à l’introspection. L’auteur le formule ainsi : « si l’existence est un fait, vivre est un art. Un art qui s’apprend en interrogeant les sages et en travaillant sur soi. » Même si le prince Siddhârta n’est pas encore le Bouddha, il est déjà un grand homme. Son rang ne l’empêche pas d’apprendre de son cocher et de l’écouter. C’est une chose d’autant plus rare, qu’elle méritait d’être soulignée. En effet, dans nos entreprises, le grade aveugle parfois les chefs, ne sachant plus tirer conseils auprès de leurs collaborateurs.  Avant de mourir, Socrate répond aussi à ses disciplines apeurés de ne plus avoir de maître : « La Grèce est grande, et l’on y trouve un grand nombre de personnes habiles. Et il y a bien des pays étrangers : il faut les parcourir tous, et les interroger pour trouver cet enchanteur, sans épargner ni travail, ni dépense. Il n’y a rien à quoi vous puissiez employer votre fortune plus utilement. Et puis, il faut aussi que vous le cherchiez parmi vous. Car vous ne trouverez peut-être personne plus capable de faire ces enchantements que vous-mêmes » (Phédon, 78a).

Malgré tout je ne me suis pas converti au bouddhisme pour autant notamment quand Bouddha invite à «  se garder de la recherche du faux bonheur que procurent les plaisirs des sens. » J’apprécie trop les bonnes choses pour abandonner les plaisirs de bons repas, de beaux voyages et autres petits bonheurs.

Enfin, j’ai également pu réviser les sept péchés capitaux et faire un auto-bilan :

  1. La paresse : ça m’arrive encore de temps en temps mais je lutte souvent contre.
  2. L’orgueil : je ne pense pas l’être.
  3. La gourmandise : euh… ce péché là… cela dit, je l’ai mis un peu de côté depuis plus d’un mois (j’y reviendrai dans un ou deux mois pour détailler tout ça)
  4. La luxure : j’ai arrêté aussi et je m’en porte beaucoup mieux.
  5. L’avarice : je ne crois pas en avoir eu un jour.
  6. La colère : de temps en temps, ça surgit mais je tempère en câlinant ensuite.
  7. L’envie : ça a pu m’arriver par le passé.

Il me reste quelques péchés non capitaux comme celui de corner les pages des livres, ce qui agace ma petite maman !