Le Danemark va expérimenter l’utilisation d’Internet pendant les examens. Patrick Giroux expose une première réflexion sur Pedagotic. J’entame ici un dialogue (si Patrick et d’autres sont partants, sinon ce sera un monologue).
L’accès a Internet ne serait-il pas finalement la « calculatrice » utile à chaque matière ? Après tout, les élèves ont droit à des bijoux de technologie pour les épreuves de sciences. En France, un texte officiel explique l’intérêt d’autoriser les calculatrices aux examens et concours :
La maîtrise de l’usage des calculatrices représente un objectif important pour la formation de l’ensemble des élèves car elle constitue un outil efficace dans le cadre de leurs études et dans la vie professionnelle, économique et sociale.
Relisez ce texte en remplaçant « des calculatrices » par « d’Internet », ça reste correct, non ?
Comme pour les calculatrices, le risque est de favoriser les élèves qui ont accès à Internet chez eux par rapport à ceux qui n’ont pas cette chance. Pour les calculatrices, le problème porte sur les élèves ayant les dernières machines évoluées capables de résoudre certains problèmes à leur place.
Dans son article Pedagotic, Patrick Giroux propose d’en profiter pour faire quelques « changements » : programmes, épreuves, … L’inspection générale de l’éducation nationale française a publié un rapport sur les épreuves de mathématiques et l’utilisation de la calculatrice au bac. A la fin du document, les rapporteurs proposent de faire évoluer les épreuves pour poser des questions ouvertes exigeant des élèves d’apporter une réflexion que la calculatrice ne saura pas faire à leur place. L’idée est intéressante et je ne sais pas si elle a été mise en place.
La comparaison avec la calculatrice est facile mais réductrice par rapport à la puissance du web. Je me suis alors posé la question de l’autorisation du dictionnaire pour les épreuves de philosophie, de français ou de langues. Sauf erreur de ma part, c’est interdit.
Alors faut-il laisser un accès complet à Internet ? Depuis Google, je peux traduire des textes (OK, ce n’est pas toujours top mais ça va s’améliorer d’année en année). Je peux accéder à des devoirs tout faits et même si on m’interdit le chat, je peux trouver des forums plus ou moins réactifs pour m’aider. Limiter l’accès Internet reviendrait à faire une espèce d’Intranet ou de fenêtre réduite sur le web et donc sélectionner quelques sites pour les épreuves. Comment les sélectionner ? Ne faut-il autoriser que les sites fiables ou injecter aussi des sites moins sûrs ? ça rejoint la question des sources que soulève Patrick et permettre aux élèves de faire preuve d’esprit critique face à une information diffuse.
Réduire l’accès à Internet, c’est se priver d’Internet au final. Comme pour les questions ouvertes proposées pour les épreuves de mathématiques, il faut trouver de nouveaux sujets d’examen voire profiter d’Internet pour préparer réellement les élèves à la « vie professionnelle, économique et sociale. » Je pense par exemple à une vraie épreuve d’équipe avec un accès complet à Internet 2.0. Il faudrait structurer l’épreuve pour s’assurer de la participation de chacun. On pourrait voir la capacité de l’équipe à s’organiser, à se coordonner, à trouver une aide extérieure via les réseaux sociaux par exemple. En France, même si on pense que les langues sont importantes, on reste plutôt nul (je me mets dans le paquet). On pourrait apprécier la capacité des élèves à utiliser l’anglais, l’allemand, l’espagnol, … pour trouver d’autres informations pour répondre au projet. L’épreuve pourrait décloisonner ainsi les matières enseignées. Evidemment, ce n’est qu’une idée mais je la crois intéressante.
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