Ma chaudière est renouvelable, c’est scientifique !

Dernier jour de l’année, dernier coup de gueule.


En 2025, j’ai vu se multiplier des prises de position présentées comme « scientifiques » qui relèvent en réalité de raccourcis conceptuels, voire de contre-vérités. Le fait que certains de ces propos émanent de personnes qualifiées ou diplômées d’écoles d’ingénieurs reconnues interroge profondément sur le rapport à l’éthique scientifique.

Prenons un exemple emblématique : l’expression désormais banalisée de « chaudières fossiles ».

Oui, toute combustion émet du CO₂. C’est un fait physique élémentaire. Par exemple, pour la gaz de réseau (fossile ou renouvelable donc) : CH4+2O2​→CO2​+2H2​O. Mais réduire une chaudière à son principe de combustion en oubliant l’origine du combustible n’a strictement rien de scientifique.

La science est pourtant très claire sur un point fondamental :

  • Le carbone fossile (charbon, pétrole, gaz fossile) ajoute du CO₂ nouveau dans l’atmosphère, stocké depuis des millions d’années sous la croûte terrestre.
  • Le carbone biogénique, issu de la biomasse (y a beaucoup à dire sur ce qu’on appelle biomasse), s’inscrit dans un cycle court du carbone. Le CO₂ émis correspond au CO₂ préalablement capté par les végétaux. Autrement dit, il s’agit du carbone déjà en surface, non extrait, réutilisé. Il n’y a donc pas d’ajout à l’atmosphère. C’est neutre !

Assimiler ces deux réalités est une faute conceptuelle majeure. Dire qu’une chaudière fonctionnant au biométhane serait « fossile » n’est ni rigoureux, ni honnête intellectuellement.

Une chaudière est un équipement thermique, pas un gisement géologique.

  • Une chaudière au gaz peut fonctionner au gaz fossile, au biométhane, ou à un mélange des deux. Parfois même avec de l’hydrogène générée sur place : https://actuenergie.fr/flash-actus/evhydens-la-revolution-hybride-signee-de-dietrich/ (un savoir faire français)
  • Une chaudière n’est donc pas fossile par essence, mais dépend du contenu carbone du gaz injecté dans le réseau public de distribution, patrimoine des collectivités locales.

Qualifier indistinctement toutes les chaudières gaz de « fossiles », c’est comme qualifier une voiture de « fossile » sans se demander si elle roule à l’essence, à l’éthanol ou à l’électricité.

Le biométhane n’est ni un concept théorique ni une promesse lointaine.
Il est :

  • produit localement,
  • injecté dans les réseaux existants,
  • traçable,
  • certifié,
  • et comptabilisé dans les objectifs européens et français d’énergies renouvelables.

Son bilan carbone est très fortement réduit, et dans certains cas quasi neutre, notamment lorsque l’on intègre les émissions évitées (traitement des déchets, substitution aux engrais fossiles, etc.). En effet, la production de biométhane permet aujourd’hui d’apporter également des bénéfices au-delà de l’énergie renouvelable.

La transition énergétique ne se décrète pas, elle s’organise dans le temps long. Elle repose non seulement sur des technologies, mais aussi sur des infrastructures, des usages et des contraintes physiques.

Les réseaux de gaz existent, sont dimensionnés, entretenus, et constituent un patrimoine industriel et public considérable. Ils permettent aujourd’hui, sans travaux lourds ni renforcement massif, d’acheminer des gaz renouvelables produits localement.

À l’inverse, une électrification généralisée des usages thermiques implique des renforcements très significatifs des réseaux électriques, notamment pour répondre aux pointes hivernales. Ces évolutions sont possibles, mais elles prennent du temps, mobilisent des ressources matérielles importantes et supposent des choix collectifs assumés.

Dans ce contexte, le gaz renouvelable n’est ni une solution d’attente ni un renoncement. C’est une solution de décarbonation immédiate, scientifiquement fondée, compatible avec un mix énergétique local, résilient et diversifié.

La science ne prescrit pas une technologie unique. Elle invite à combiner les solutions disponibles, au bon endroit, au bon moment, avec une vision systémique.

Se réclamer de la science suppose de respecter sa complexité.
Or, parler de « chaudières fossiles » sans distinguer les usages, les combustibles et les trajectoires d’approvisionnement relève de la simplification abusive.

Pire : cela décrédibilise le discours climatique, en donnant prise à la défiance et au soupçon d’idéologie.

Conclusion

Ma chaudière fonctionne avec du gaz renouvelable que j’achète chez Ilek (et d’autres fournisseurs proposent du biométhane) tout en sachant que localement (à quelques centaines de mètres de ma chaudière renouvelable) l’entreprise Tryon traite des biodéchets pour en faire du gaz vert.


Son carbone est biogénique.


Son impact climatique est maîtrisé.

Dire qu’elle est fossile n’est pas scientifique ; c’est ignorer volontairement le fonctionnement réel de notre système énergétique plutôt que permettre une économie circulaire concrète et efficace !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Connect with Facebook