Fin novembre 2007, avec un collègue, nous partîmes en mission au Japon pour échanger sur les pratiques opérationnelles des gaziers comparables… Ni Pascal, ni moi n’y avions mis les pieds avant. Le Japon compte 2 fois plus d’habitants que la France sur un territoire presque 2 fois plus petit. Les japonais se concentrent en plus sur à peine plus de 20% de la superficie (chiffres que j’avais trouvé à l’époque de notre rapport). Une autre particularité, le pays subit environ 3000 secousses sismiques par an (évidemment la plupart sont minimes) et autres catastrophes naturelles.
Notre directeur de programme se plaignit du fait que nous eussions programmé une interprète pour nos rencontres. Heureusement en réalité, car nos interlocuteurs ne s’exprimaient pas en anglais et encore moins en français.
Et l’expérience avec la langue démarra dès notre arrivée à Tokyo. Pas facile de se repérer en sortant du train entre l’aéroport et le centre ville, un passant voyant que nous étions perdus nous orienta aimablement grâce à la langue international des signes. Après avoir jeté nos sacs dans nos chambres face à Tokyo Bay, nous partîmes à la découverte de la ville. D’abord, nous repérâmes les lieux pour notre rendez-vous du lendemain avec Tokyo Gas puis une visite plus touristique commença. Pour éviter un dépaysement trop fort, nous montâmes dans la copie de la tour Eiffel. La Tokyo Tower masque la nuit par son éclairage ses rayures blanches et rouges qui la défigurent le jour. La ville s’étendait dense et verticale sous nos yeux émerveillés. Nous allâmes de quartier en quartier en commençant à réfléchir à notre premier dîner asiatique. La ville est impressionnante avec un étage piéton par endroit, ces grandes allées qui surplombent les routes. Certains sortaient des bars accessibles sur ces promenades et un vieil homme en costard semblait en avoir bien profité. La descente des escaliers a failli lui être fatal mais ce n’était sans doute pas la première fois qu’ivre il se tenait bien fermement à la rambarde.
Dans une petite rue animée proche de notre hôtel, les geishas accueillaient des clients visiblement fortunés dans des clubs privés. Leur maquillage donnait l’impression qu’elles avaient été peintes. Souriantes, quasi immobiles, elles mesuraient leurs gestes. Pas très loin de là, nous nous installâmes dans un tout petit restaurant. Pas de carte en français ou en anglais, pas de photo… aie… la serveuse ne parlait pas d’autre langue que japonais, son mari en cuisine non plus. Le prix nous guida dans notre choix et nous mangeâmes merveilleusement bien.
Tokyo Gas (TG) affiche avec fierté son métier en éclairant son entrée par une lampe à gaz. Le rendez-vous avait été pris selon un protocole impressionnant. La première question fut surprenante : « Vous êtes les leaders mondiaux, pourquoi venir nous voir ? » Peut-être parce qu’on s’endormait sur notre position et qu’avec l’ouverture des marchés, cette position n’était pas la plus évidente (impossible de dire cela). Et pis, quand même, Tokyo et les environs font autant de clients gaz que la France entière. L’échange fut fructueux et nous eûmes la chance de visiter leur centre d’appel. On se serait cru dans un film de science fiction. Chacun était revêtu d’une combinaison : grise pour les plus petits niveaux, orange pour les superviseurs. Les télé-conseillers écrivaient directement sur les écrans, la saisie de leurs caractères étant plus facile pour eux qu’avec un clavier. Le système était vraiment impressionnant. C’est au pas de course que nous suivîmes nos hôtes pour le déjeuner. A l’étage d’un petit restaurant, une table juste pour nous nous attendait. La responsable de TG nous donna des adresses pour visiter Kyoto si notre prochaine visite à Osaka Gas nous le permettait. En partant, nous nous inclinâmes au moins 20 fois pour se dire au revoir. En fait, dès que nous nous retournions, ils s’inclinaient à nouveau.
Nous fîmes un dernier tour dans Tokyo. Un quartier « couvert » était particulièrement animé : karaoke, jeux vidéos (dancing machines notamment), salons de massages, … Nous nous arrêtames boire une bière dans une brasserie. Un groupe d’hommes en costume, sans doute sortant de leurs bureaux, fêtaient la fin de la journée. Plein les oreilles, plein les yeux, ces premiers jours nous avaient offert un dépaysement incroyable.
Osaka Gas (OG) nous réserva également un excellent accueil. Leur démonstration était tout aussi impressionnante. OG achemine du gaz naturel à plus de 6 million de clients, ils n’ont donc pas trop à pâlir devant nos 11 millions. Après leur présentation générale, ce fut notre tour de décrire l’entreprise dans les grandes lignes. Et là… nous nous retrouvâmes dans un manga. C’était marrant ! Pascal annonça 180 000 km de réseau. Notre interlocuteur posa les mains sur la table, les fléchit (comme s’il faisait des pompes) et hurla : « Wahouha ! ». Pascal me jeta un regard malicieux. C’était mon tour : « 11 million de clients ». Même effet : « Wahouha ! ». On annonça 2 ou 3 autres chiffres et l’homme pâlissait toujours plus, les cheveux presque hirsutes ! Plus de chiffres… zut… soudain Pascal ajouta : « Après la fusion, nous serons dans le monde plus de 200 000 employés ! » C’était le coup de grâce. L’admiration était totale ! Encore une fois, OG n’avait pourtant rien à nous envier. Leur développement était notamment porté par la production d’électricité (le nucléaire a laissé des traces dans le pays) et par des offres « luxes » type Spa.
L’après midi, nous prîmes le train pour Kyoto. Magnifique ville. Une promenade zen au milieu des temples puis la découverte de petites rues marchandes. Ainsi se termina notre périple japonais.